Michel Sauval - Psicoanalista Jacques Lacan, Seminario "La angustia", Lectura y comentarios de Michel Sauval

Notas y comentarios
Sesión del 19 de diciembre de 1962

Leçon inaugurale
(extraits)

Jean Bobon

Publicado en el número 29 (páginas 162/4) de la revista Ornicar?

Le psychotique n’a pas consciente d’être en marge, d’être malade ; il adhère a sa croyance délirante par toutes les fibres de son être ; tout est indice pour luis, rien n’est fortuit ni accidentel de ce qui peut alimenter cette croyance.

En certains cas, l’existence du délirant apparait de plus en plus déréelle : elle est vécue sur le mode du rêve, de l’isolement affectif et perceptif ; le monde semble au patient vide, largement désignifié, déshumanisé ; le langage même peut perdre sa valeur de communication. Non exceptionnellement cependant, a l’occasion d’un dessin, un point d’interrogation, seul et nu, timide ou barrant out l’espace d’une feuille, témoigne que le patient cherche encore un sens a ce qui n’en a plus pour lui.

Rien n’est gratuit, en effet, de ce qu’y exprime le malade, surtout lorsque le contact verbal avec lui est difficile ou impossible. Même des patients qui, depuis de mois ou des années, paraissent emmurés dans une subjectivité pauvre, passifs et indifférents a tout, ne parlant pas, n’écrivant pas, même de tels patientes vivent une forme d’existence imaginaire et généralement douloureuse.

Ne les rejetez pas !

Lors d’examens par des techniques spéciales, lors du déblocage sous certaine drogues, lors de catamnèses en cours de rémission et parfois spontanément en cours de maladie, de tels patients manifestent en effet le plus souvent une angoisse indicible d’emprise sur leur personnalité, de métamorphose ou de néantisation de sou et du monde.

Voici quelques exemples très simples. Ce sont des peintures spontanées de schizophrènes chroniques ; ces sujets étaient comme des objets, semblables a des souches, ou opposés au monde et au dialogue. J’ai choisi ces peintures en raison de leur valeur exemplaire, certes, mais d’abord en hommage au Pr Gastone Maccagnani de Bologna, avec qui j’ai étudié les cas (cf. le Cahier d’illustrations de ce numéro, page iv)

Ici (fig. 1), un tableau de facture largement « cubiste » a été composé en deux temps, au commencement d’une violente crise d’agitation catatonique et au sortir de celle-ci : en haut a gauche, l’image distorte de l’être en début de métamorphose ; au centre et a droite, après la crise, un essai de représentation de la dissociation du moi vécue durant l’accès, accès dont on conçoit sans peine qu’il ait été ineffable et agitant.

Voici une série de dessins réalisés par une jeune institutrice hospitalisée depuis six ans, ne quittant ni la chambre ni le lit, opposée a tout et a tous, n’écrivant pas, ne parlant pas non plus, sino par mots ou par phrases incompréhensibles. Tous les traitements ont échoué chez elle. En désespoir de cause, on met à sa disposition un matériel de dessin et de peinture. Dès lors, elle sort de son inertie et commence une activité plastique intense ; elle dessine et peint au lit, spontanément, dans la solitude de sa chambre. Ces dessins ont constitué la seule expression clinique de son imaginaire délirant, un imaginaire vivace et structuré en délire mystico-érotique, un imaginaire vécu et pathétique sous l’apparence apathique, un imaginaire encore communicable par la parole alors que la parole emble avoir perdu toute valeur informative, a tout le moins sa valeur informative conventionnelle.

Ici (fig. 2), l’œil unique et cyclopéen dévore le visage de la patiente mais il ne semble guère voir que « l’espace du dedans », selon l’expression d’Henri Michaux.

Là (fig. 3), l’œil est simultanément poisson, l’œil-poisson, retrouvé chez d’autres malades, symbolise en l’occurrence la sexualité et la culpabilité.

L’œil est multiplié dans un dessin suivant (fig. 4), ou se dresse l’église sur un fond de ciel. Tout est scellé, tout est regard ici ; le thème de l’œil est associé au thème mystique, lui-même compensatoire au vécu sexuel très culpabilisé.

Dans une dernière aquarelle de cette série chronologique (fig. 5), l’arbre est chargé de regards devenus particulièrement expressifs ; en fin d’exécution, une guirlande de signes dessinés forment une phrase correcte, la première depuis des années, et celle-ci est une phrase-clé du délire : « Moi, je suis toujours vue ». Vue, c’est-à-dire regardée, jugée, condamnée ; vue, c’est-à-dire violée, possédée et donc dépossédée, dépouillée, dépersonnalisée.

Nous aurons l’occasion d’étudier de tels délires. Mon propos est de vous montrer simplement ici que des sujets désinsérés du réel commun, n’utilisant même plus notre langage code, n’ayant plus rien d’humain et ne soufrant même pas en apparence, peuvent encore posséder une vie intérieure très riche avec toujours sans doute, au fon, l’angoisse….

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